RÉPARATION CORPS & ÂMES
.. Et pour les handicapés
Selon des rapports récents, plus de 3 000 amputations ont été effectuées, principalement en raison des frappes aériennes et des explosions. Ces individus nécessitent un soutien spécialisé et une attention particulière pour reconstruire leur vie après le conflit. Il est impératif d’analyser en profondeur les dimensions de cette crise et de développer des solutions durables pour leur inclusion sociale, leur réadaptation et la protection de leurs droits. 1. L’impact physique de la guerre sur les habitants de Palestine A. Les personnes blessées et amputées Depuis octobre 2023, plus de 3 000 personnes amputées ont été recensées, dont un tiers sont des enfants de moins de 18 ans. Les blessures graves, comme les brûlures, les éclats d’obus et les traumatismes crâniens, nécessitent des soins intensifs dans un système de santé déjà affaibli. La Croix Rouge Internationale (ICRC) a fourni plus des prothèses et orthèse pour plus de 1500 personnes. Il reste beaucoup à faire. Les informations manquent pour les services de physiothérapie, l’assistance psychologique, la fabrication sur place de prothèses. Le Croissant Rouge a transporté plus de 12 000 blessés et soigné à des milliers de patients en 2024. B. Les blessures physiques chez les adultes et enfants Plus de 40 % des blessés enregistrés depuis le début de la guerre sont des enfants. Beaucoup d’entre eux ont été victimes de traumatismes sévères qui limiteront leur capacité à vivre une vie normale. Ces blessures augmentent considérablement le taux de mortalité précoce et réduisent les opportunités d’éducation pour les jeunes. 2. Le handicap psychologique et mental engendré par la guerre A. Stress post-traumatique (SPT) Selon l’OMS, 70 % des enfants vivant à Gaza souffrent de troubles liés au stress post-traumatique (SPT). Les adultes, particulièrement les femmes qui ont perdu des proches ou leurs moyens de subsistance, sont également gravement affectés. Est-ce le bon moment pour déployer des cliniques mobiles en vue de thérapies cognitivo-comportementales. B. Les troubles psychiques chez les personnes âgées Plus de 30 % des personnes âgées à Gaza souffrent de dépression ou d’anxiété chronique, souvent exacerbées par la perte de leurs maisons ou par l’isolement. Les personnes âgées nécessitent des soins spécifiques pour répondre à leurs besoins mentaux et physiques. 3. Personnes âgées et perte d’autonomie pendant la guerre Les personnes âgées représentent environ 10 % de la population et sont souvent oubliées dans les efforts d’aide humanitaire. La majorité des centres de soins pour personnes âgées ont été détruits ou ne fonctionnent plus à pleine capacité. Comment combiner soins palliatifs, réhabilitation et soutien psychosocial ? 4. La situation des enfants et des jeunes générations A. Blessures et handicap chez les enfants Plus de 5 000 enfants blessés ont été recensés depuis octobre 2023, dont beaucoup nécessitent une rééducation physique à long terme. Les amputations chez les enfants représentent environ 20 % de toutes les amputations. Les écoles pourraient être un endroit pour devenir des lieux d’assistance médicale et psychologique. Les salles de classes étant détruites, les élèves et leurs professeurs se regroupent sous des tentes. Comment y déployer des programmes éducatifs inclusifs pour les enfants handicapés ? B. Traumatisme psychologique chez les enfants Plus de 80 % des enfants à Gaza vivent dans un état constant de peur. Beaucoup refusent de retourner à l’école, ce qui aggrave encore les inégalités éducatives. Comment les encourager à se regrouper avec leurs voisins sous des tentes ? Réponses humanitaires et réadaptation Des ONG telles que Handicap International et Médecins du Monde ont intensifié leurs efforts pour fournir des soins d’urgence et des dispositifs de réadaptation. Depuis le début du conflit, ces organisations ont distribué plus de 1 000 fauteuils roulants et réalisé des milliers de séances de kinésithérapie. Ces bonnes volontés requièrent une coordination territoriale. 6. Aide internationale et soutien des gouvernements A. Besoin de financement Les Nations Unies estiment que la reconstruction de Gaza nécessitera plus de 5 milliards de dollars. Les fonds alloués doivent cibler en priorité les infrastructures médicales et les programmes de réhabilitation pour les victimes de guerre. B. Garantir la transparence Il est crucial d’assurer un suivi rigoureux des fonds alloués pour éviter la corruption et s’assurer que l’aide atteint les plus nécessiteux. Conclusion Les séquelles sont profondes chez les personnes en situation de handicap, les blessés, les personnes âgées et les enfants. Une reconstruction efficace et inclusive nécessitera une coordination internationale, des ressources adéquates et une attention prioritaire à la réhabilitation et à l’inclusion sociale des victimes. La communauté internationale doit redoubler d’efforts pour garantir une réponse humanitaire digne, respectueuse et adaptée aux besoins spécifiques des populations les plus vulnérables. Informations sur les ONG impliquées en Palestine · Médecins du Monde (MdM) Directeur Général : Jean-François Corty Adresse : 62 rue Marcadet, 75018 Paris, France Téléphone : +33 1 44 92 15 15 ; Email : contact@medecinsdumonde.net Site web : www.medecinsdumonde.org ; Twitter : @MdM_France ; Facebook : Médecins du Monde · Handicap International (HI) Depuis la destruction de leur bureau en 2024, HI a intensifié ses interventions via ces collaborations locales. Bien que leur présence physique puisse être limitée pour des raisons logistiques et sécuritaires, leurs rapports indiquent des efforts significatifs, tels que la fourniture de prothèses à 3 000 bénéficiaires en 2023. Directeur Général : Jeff Meer Adresse : 138 avenue des Frères Lumière, 69008 Lyon, France +33 4 78 69 79 79 ; contact@handicap-international.org ; donateurs@handicap-international.org ; www.handicap-international.fr ; Twitter : @HI_federation ; Facebook : Handicap International · MSF, Médecins sans frontière, Plus de 1 500 interventions chirurgicales réalisées en 2024 et soins apportés à 4 000 blessés, avec une grande proportion en orthopédie. Email : msf.gaza@msf.org ; Site web : www.msf.org ; Partenariat MSF-Entreprises : lucrece.akouango@paris.msf.fr · PalMed France, Dirigé par Mohamed Salem pour sa filiale française, cette ONG internationale siège à Londres. Contact : palmedfrance2008@gmail.com · Croix Rouge Internationale (siège à Genève) Email : gaza@icrc.org ; Site web : www.icrc.org · Croissant Rouge (Palestinian Red Crescent Society, PRCS) Email : info@palestinercs.org ; Site web : www.palestinercs.org · Secours Islamique France (SIF) Président : Mohammed Lahlou Adresse : 10 rue Galvani, 91300 Massy, France Téléphone : +33 1
Comment ça se passe pour les survivants à Gaza ? (Coûts de la vie, attaques quotidiennes la nuit, sniper en action, les enfants errants, en moyenne 15 déplacements pour chaque gazaoui, odeurs, sang, cadavres, …)
Les vidéos et les images ne reflètent ni les odeurs ni les sensations du toucher. Néanmoins, ce traveling réalisé par Am ex reporter de CNN laisse des questions en suspens : Que sont devenus les parents de cette fillette errante, comment se nourrit elle, où logent les passants dans ces rues jonchés de décombres, quelles eaux boivent ils, le cycliste qui salue en fin de vidéo où trouve-t-il sa joie de vivre… ? Le 12/12/2024, Israël bombarde et tue 71 palestiniens dont 37 gardes humanitaires à Mawassi, Khan Younes et à Rafah. Depuis le début du génocide, Israël a tué plus de 700 gardes des aides humanitaires, dans un effort de renforcer l’inanition forcée et l’extermination en tuant les gardes et permettre des pillards travaillant sous le contrôle des gangs génocidaires et de détourner les aides dès qu’elles rentrent à Gaza sud et les transporter vers les entrepôts de l’armée génocidaire ! Que dit Haaretz sur ce sujet ? Le quotidien israélien énumère les six preuves ci-dessous. Elles établissent la politique israélienne d’extermination lente à Gaza : L’armée d’occupation permet à des hommes armés de piller les camions d’aide à Gaza et d’extorquer de l’argent de protection à leurs chauffeurs. Israël et ses gangs civils attaquent les forces civiles gazaouis armées protégeant l’aide L’occupant refuse le stationnement de toute force de police à Gaza L’armée d’occupation refuser d’aider les chauffeurs routiers quand ils sont attaqués par les pillards. Israël paie des frais de protection aux pillards. Une société intermédiaire, coordonnée par les officiers de l’armée coordonne les 4000$/camion d’aides ! L’armée d’occupation est la seule force en présence de contrôle total de la zone de pillage. Les pilleurs revendent les produits à des prix prohibitifs dans un territoire économiquement brisé : 10$ le kg de riz, 15 $ le kg de farine, 12$ pour un kg de fruit, 15 $ pour un kg de tomates, 2 $ pour un œuf. Internet est vendu à 1$ pour 3 heures. Avec un salaire de 1000$, une famille avec deux enfants survit à peine deux semaines. La plupart des gazaouis n’ont plus de job, plus de revenus.
Parmi les ONG présentes sur place, lesquelles sont compétentes en matière de santé, soins, aide humanitaire ? Lesquelles sont équipées pour faciliter les téléconsultations par internet ? A quelles ONG puis-je faire des dons et être sûr que cela arrive à Gaza ?
C’est un peu difficile de dire lesquelles sont compétentes ou non. Ce que l’on sait par exemple c’est que MSF médecins sans frontières est une ONG française qui a une expérience de plusieurs décennies et qui a pu rester sur le terrain. Il y a bien sûr la croix rouge qui a créé avec le croissant rouge (équivalent croix rouge au Moyen-Orient) une plateforme commune. On vient de voir que c’est le croissant rouge qui a assuré le transfert des premiers otages libérés. Médecins sans frontières (MSF) sur son site fait un rapport le 19 décembre [1]https://www.msf.org/life-death-trap-gaza-palestine, où il inventorie le nombre de mort, de blessés et de déplacés (cf. tableau). Il décrit les « attaques ou violents incident » dont bombardements sur les centres de santé, qu’il dénombre à plus d’une quarantaine. Au total 17 hôpitaux sur 36 dans lesquels MSF est impliqué continuent à pouvoir partiellement fonctionner. Il décrit les difficultés d’approvisionnement en eau, nourriture et fuel, et les répercutions en termes de risque de famine et malnutrition. On trouve toujours sur le site de MSF les newsletters (3à4 par mois) qui permettent de suivre la situation. OMS (Organisation Mondiale de la Santé) ou WHO (World Health Organisation), sur son site a plusieurs rubriques incluant tableaux de bord (dashbords [2]), qui diffuse cartes et graphiques sur les moyens sanitaires déployés, les pathologies médicales utilisées comme indicateur de conflit (traumatismes critiques, urgences chirurgicales par exemple) ;un lien vers une Cellule de coordination d’urgences médicales (2 centrales à Gaza et au Caire), EMTCC pour Emergency Medical Team Coordination Team On comprend qu’il existe une Emergency Medical Team de l’ OMS et une Emergency Medicale Team Nationale pilotée par le bureau des territoires palestiniens occupés, travaillant en collaboration. L’OMS met aussi une librairie online où l’on trouve des pdf sur des manuels de prise en charge des pathologies spécifiquement rencontrées, à l’usage des soignants (brûlures, pathologies des membres rencontrées lors des conflits et catastrophes…)-https://experience.arcgis.com/experience/6711b735edb44a02b6403dea20238437/page/Page/?views=Library Rassemblement des médecins palestiniens en Europe (dont PalMed France)[3] a son siège à Paris, avec un groupe de médecins francophones/français important Médecins du Monde décrit sur son site comment il intervient avec des équipes mobiles dans les camps de réfugiés à Rafah : https://www.medecinsdumonde.org/actualite/gaza-medecins-du-monde-deploie-des-equipes-mobiles-a-rafah/ MAP: Medical Aid for Palestinien https://www.map.org.uk/ , créée en 1982 avec son siège au Royaume Uni. Le réseau mondial pour les soins psychiatriques Palestine-Global Mental Health Network [1] https://www.msf.org/life-death-trap-gaza-palestine [2] https://experience.arcgis.com/experience/6711b735edb44a02b6403dea20238437/page/Page/?views=Deployment-overview- [3]
Il parait que le cerveau réagit lors d’une grande violence. Tant celui du témoin que celui de la victime. Il paraît que c’est un mécanisme d’autodéfense à court terme, mais qu’il dérègle profondément l’être humain. Que le traumatisme dégrade la qualité relationnelle des victimes, qu’il émerge 20-30 -40 quarante plus tard… avec d’autres dégâts. Est-ce que cela concerne les deux millions de Palestiniens de Gaza ? Qu’est ce qui est préconisé pour soigner et pour éviter ce type de conséquences ?
Oui c’est sûr qu’à une grande violence psychique, le cerveau réagit et tout le corps avec ! On parle de trouble du stress (sous-entendu stress de nature psychique) post-traumatique (sous-entendu le traumatisme psychique). Comment s’est développé la connaissance sur ce sujet? Plusieurs grands conflits ont permis de mieux le décrire et le comprendre, que ce soit lors de la première guerre mondiale, la seconde guerre mondiale, la Shoah, la guerre du Viêt-Nam, la guerre du Golfe etc… en décrivant d’abord les formes les plus sévères et les plus chroniques[1]. C’est après la guerre du Vietnam qu’il a été plus précisément défini [2] et reconnu, en particulier par la communauté médicale psychiatrique américaine (American Psychiatric Association) , lors de l’édition DSM3 en 1980 (Diagnostic and Statistical manual of Mental disorders). Quelles sont les autre sources de stress psychique intense ? D’autres stress qu’une guerre peuvent être à l’origine d’un stress psychique intense, comme une catastrophe naturelle ou un viol. Il peut s’agir de la victime d’une agression mais aussi un témoin, ou même l’acteur lui-même (typiquement le soldat qui commet une violence mortelle au cours d’un combat). Il s’agit de troubles psychiatriques à type de souffrance morale avec des complications dites physiques, et souvent l’expression de l’angoisse générée, qui altèrent nettement la vie personnelle, sociale et professionnelle. La première blessure, elle vient du fait de revivre l’événement traumatisant (flash-backs, cauchemars) avec tout le cortège de symptômes d’angoisse et d’effroi que cela peut générer à nouveau (avec donc une réalité corporelle, dite somatique, que sont par exemple les sueurs, palpitation, maux de tête, difficultés respiratoires etc…). Quels sont les mécanismes de « sauvegarde » ? Par ailleurs, il peut y avoir ce qu’on appelle une amnésie dissociative, c’est à dire que la victime a complètement effacé de sa mémoire certains pans entiers de l’événement traumatique, et çà c’est une sorte de mécanisme d’autodéfense, qu’on range dans la catégorie des symptômes d’évitement. Il y a aussi des comportements dits d’évitement pour éviter de penser à l’événement traumatisant ou de s’exposer à une situation ou environnement qui seraient de nature à faire penser à l’événement traumatique. Sur le long terme, cela peut induire de la dépression, des difficultés de concentration, des difficultés dans le vécu des émotions (sentiment de déconnexion des autres, d’insensibilité) et cela comporte bien évidemment des risques de problèmes relationnel avec son entourage personnel ou professionnel et de difficultés sociales. Ce syndrome a plutôt d’abord été décrit chez les soldats pour plusieurs raisons : pragmatiques, les armées avaient besoin de faire le tri entre un soldat apte à poursuivre le combat de celui qui devait être évacué, et puis aussi pour différencier celui qui simulait – pour éviter de combattre et mourir – de celui qui ne simulait pas et présentait de réels symptômes d’ordre psychiatrique. Cela fait longtemps qu’il a été observé une assez grande variabilité interpersonnelle, c’est à dire que pour un même type d’événement traumatisant, une personne va développer des troubles du stress post-traumatique et une autre non. Ont été décrits plus récemment des dispositions d’ordre génétiques en particulier sur des gènes codant pour des neuromédiateurs (par exemple le gène transporteur de la sérotonine, celui codant pour le récepteur dopaminergique de type 2 ou encore sur la modulation noradrénergique le polymorphisme du gène GABRA2[3]). On peut comprendre aussi que les stress tels les attentats sont variables dans leur nature, leur intensité et leur répétitivité : par exemple le stress d’un attentat comme on les a connus à Paris il y a 10 ans, ne sont pas de même nature qu’une exposition à une guerre de tranchée pendant plusieurs années comme durant la première guerre mondiale. Ce qui s’est passé depuis octobre 2023 à Gaza a concerné une population qui était déjà dans des conditions de stress psychiques depuis des décennies. Quels sont les cofacteurs possibles ? Certains auteurs se sont penchés également sur les hypothèses dites somatiques et pas seulement sur les facteurs psychiques des « syndromes de guerre », et ont identifiés plusieurs cofacteurs possibles[4] : 1/ Infectieuses (leishmanioses, fièvre Q, Brucellose, infections mycoplasme…) 2/ Réponse immunitaire anormale (réactivité Th1/Th2, réactivité cytokines, …) 3/ Vaccinations (généraux, ou contre agent biologiques de guerre) 4/ Effets secondaires de la prophylaxie contre le paludisme 5/ Anomalies neurologiques (par perturbation de la barrière hématoencéphalique, par neurotoxicité directe) 6/ Exposition à des agents toxiques (insecticides et pesticides, fumées, huiles en combustion, peintures toxiques, armes biologiques…) 7 /Facteurs environnementaux et de conditions de vie (humidité, froid, conditions sanitaires …). Quelle seraient les particularités de cette guerre à Gaza qui pourraient expliquer certains symptômes? Dans quelle mesure et dans quels délais seront nous en mesure de l’identifier, l’expliquer voire trouver des solutions thérapeutiques les plus appropriées ? Pour ce qui est de la partie thérapeutique, tout comme pour la traumatologie et la « chirurgie de l’avant », il y a le concept que pour les traumatisés psychiques de guerre, plus précoce était la prise en charge et le tri (quels sont ceux qu’il faut évacuer à l’arrière) meilleure était le pronostic ? Il y a deux grandes catégories de traitement, la psychothérapie et les traitements médicamenteux (comme certains antidépresseurs inhibiteurs de la recapture de la sérotonine, ou des bétabloquant utilisés contre le trac comme le propranolol…) C’est évident que tout ce qui est entourage participe évidemment à aider à la reconstruction. On ne peut pas appliquer des solutions qu’on a dégagées pour notre population française après les attentats à une population palestinienne, car la culture est différente, les moyens sociaux sont différents, la relation patient soignant est différente. Ce que l’on sait c’est que la parole, la pratique du sport de la musique sont bien sûr bénéfique. C’est difficile à dire, mais une fois le temps de la guerre fini, la reconstruction matérielle d’une maison, d’un champ à cultiver seront des atouts pour éviter de sortir de rester enfermé dans les troubles du stress post traumatique [1] La prise en charge des troubles psychiques de guerre, perspective historique au sein de la société médico-psychologique. G.Thomas et al, 2022
Les vidéos nous montrent des « gueules cassées », des manchots, des cul-de jattes, des enfants qui marchent dans les gravats sur leur moignons… Comment en est-on arrivé là ? Comment ça se répare ? Des prothèses ? Est-ce que les gens, les gamins souffrent de ça ? Est-ce que les amputations se font avec ou sans anesthésie ? Hier il y a eu soixante brûlés, comment on soigne les survivants ?
On en est arrivé là parce qu’il y a la guerre et toutes ses horreurs en termes de traumatismes : balistiques avec les plaies par balles, écrasement par effondrement d’habitations sur les civils lors de bombardements, En cas de plaie, il y a un risque de surinfection, qui si elle est négligée s’étend voire ne répond plus aux antibiotiques et présente un risque mortel par septicémie, notamment avec des germes qu’on appelle anaérobie, qui donnent des gangrènes gazeuses. Plus tôt les plaies sont traitées par un simple parement chirurgical, pansements, soins locaux avec antiseptiques, plus ou moins antibiotiques, et moins elles sont à risque de complication. Ici il y a le problème du manque de structures de soins, mais aussi la difficulté d’y accéder, c’est à dire que le trajet en lui-même pour aller se faire soigner est dangereux, et par conséquent les victimes attendent avant de se faire soigner. A un certain stade, il faut amputer pour limiter l’extension de l’infection et espérer sauver la vie. Dans quelle mesure il y a eu des amputations un peu trop préventives, qui auraient pu être évitées, il est très difficile de le savoir. La médecine militaire avait décrit çà, la nécessité de soins précoces : la théorie de médecine de guerre dite « chirurgie de l’avant » et décrite par Larrey[1], chirurgien de Napoléon : au plus tôt les lésions étaient traitées sur le champ de bataille ou à proximité immédiate, et meilleur était le pronostic et donc le rétablissement de soldats en état de combattre à nouveau. Dans quelle mesure les Palestiniens ont eu accès à des premiers soins de traumatologie, en dispensaires, en hôpital ou par la débrouille et l’entraide avec des gens formés à des soins infirmiers sur le tas, qui ont permis d’éviter des complications graves et/ou des amputations, c’est difficile de savoir. Les brûlures liées aux incendies et aux explosions de combustibles font partie des lésions difficiles à soigner. En France ont été développées des unités de soins pour « grands brûlés ». La peau ne fait plus son office de barrière de protection vis à vis des agressions extérieures, en particulier des infections. La principale complication est la surinfection. [1] Dominique-Jean Larrey ou la providence du soldat, JV Shaal et al, 2010, Reanoxyo
OK j’ai compris. Veux-tu bien me préciser les conséquences de ces carences. Qu’est-ce que cela développe en termes de maladies ?
Les carences générées par la malnutrition et/ou la famine, peuvent par conséquent être responsables d’une augmentation d’infections et de l’augmentation de leur morbidité. Des carences plus spécifiques donnent des pathologies bien décrites : 1. La carence en vitamine C provoque le scorbut (la formation de collagène est entravée par la carence en vit. C. Il s’ensuit des anomalies du tissu conjonctif-peau, muscles, vaisseaux. Cela se traduit par fatigue, manque de force, hémorragie -les lésions purpuriques donnant un aspect de « jambe noire »-et dans les formes les plus avancées par le décès). Elle a été décrite dans la famine irlandaise par arrêt de production de pommes de terre. 2. La carence en vitamine A, outre la baisse d’immunité, peut provoquer des troubles de la vision. C’est la première cause de cécité dans le monde. 3. La carence en vitamine B1 ou carence en thiamine peut donner le Béri-Béri. Le Béri-Béri sec ou névrite endémique donne une atteinte du système nerveux périphérique . Il se manifeste par des engourdissements des membres, une dégradation de la fonction musculaire, une anomalie de la motricité oculaire. L’atteinte neurologique centrale induit une encéphalopathie de Gayet Wernicke (trouble neuropsychiatrique incluant anomalie des mouvements oculaires, de la posture et de la marche et une fonction mentale perturbée) et et/ou un syndrome de Korasakoff (troubles de la mémoire antérograde ou rétrograde, altération des fonctions conceptuelles et diminution de l’initiative) . Le Béri-Béri humide, ou dit oedémateux, est en lien avec une atteinte cardiovasculaire et entraine une insuffisance cardiaque, avec œdème des membres inférieurs, des difficultés respiratoires d’effort. 4. La carence protéino-énergétique induit une fonte de la masse musculaire chez l’adulte, des problèmes de délabrement psychologique. 5. La carence en fer provoque de l’anémie et une baisse de la qualité de l’immunité. Avec les conditions désastreuses de l’eau et de l’assainissement à Gaza, il y a les épidémies de maladies diarrhéiques et d’hépatite A. En janvier 2024, il a été noté une augmentation de +50% des cas de diarrhées chez les enfants et en une semaine et 90 % des enfants de moins de 2 ans. En août 2024, l’alerte Polio a fait l’objet d’une vaccination massive, avec des questions en suspens sur la seconde injection. Les enfants dans la bande de Gaza sont confrontés à une triple menace de mort : violences, conditions de vie, pauvreté alimentaire. J’ajouterai aussi que par manque d’hygiène, la recrudescence des poux et tiques peuvent provoquer des épidémies de typhus (du grec « tuphos », qui signifie torpeur) et qui une pathologie infectieuse liée à des bactéries du groupe des rickettsies, 3ème maladie infectieuse la plus meurtrière après la peste et le cholera en l’absence de traitement. Le traitement par antibiotique du groupe des cyclines (doxycycline etc…) est efficace. Les contaminations oro-fécales sont augmentées par le manque d’hygiène lié à la destruction des toilettes et au manque d’eau propre, et à la consommation d’eau contaminées par les selles : dysenterie par vibrio cholera, shigella, salmonella, colibacille etc…
Est-ce que cette famine organisée a des conséquences médicales ?
Bien sûr que oui. Tu manges mal, tu vis mal. Tu ne te nourris pas, tu meurs. La famine a des conséquences médicales, le manque d’hygiène aussi. Regardons ce que l’histoire du Monde nous dit à propos des famines. Jean-Louis Shlienger dans sa publication de 2022 « les leçons médicales des grandes famines des temps modernes » [1] rappelle les grandes famines irlandaises (1845-1852), celles du siège de Paris (1870-1871), des camps de concentration, de l’hiver hollandais (1944-1945), la famine soviétique 1931-1933 responsable de 6 à 8 millions de morts, celle de Chine entre 1959-1961 faisant 15 à 43 millions de morts, et comment leur étude a permis de mieux comprendre les pathologies médicales qui en ont découlé. Aujourd’hui, il y aurait 500millions de personnes en état de malnutrition dans le monde, responsable de plusieurs millions de morts. La malnutrition et les carences en micronutriments peuvent affecter la qualité de l’immunité, qu’elle soit de type cellulaire, médiée par les anticorps (dite humorale) ou non spécifique : Zinc, Magnésium, Cuivre, Sélénium, Fer, vitamine 1, C ou E par exemple. [1] Les leçons médicales des grandes famines des temps modernes », Jean-Louis Schlienger, 2022, Médecine des maladies métabliques
A part les blessés, les morts… que sais-tu de l’aspect famine ?
En 2023-2024, au creux de l’hiver, famine potentielle par manque d’approvisionnement En résumé, avant le 7 octobre 2023 du fait de la pauvreté à Gaza passée depuis près de vingt ans en mode « Prison à ciel ouvert », il y avait par jour l’arrivée de 550 camions. Aujourd’hui c’est entre 10 et 40 camions. En mesurant la quantité de calorie ainsi injectée dans la population palestinienne de Gaza, nous mesurons 140-150 calorie/jour/personne. Cela s’appelle « famine organisée ». Stephen Devreux traite ce défi dans son article de novembre 2024[1]. La volonté politique de soumettre les Palestiniens à des restrictions alimentaires étaient d’ailleurs exprimée par le premier ministre de l’époque en 2014, Ehud Olmert : « l’idée est de mettre les Palestiniens à la diète, mais pas de les faire mourir de faim »[2]. En 2008 le ministère de la défense israélienne a défini une ration alimentaire humanitaire à pouvoir rentrer dans la bande de Gaza (1886g/personne et par jour). Il existe une classification internationale de l’insécurité alimentaire (IPC pour Integrated Food Security Phase Classification), de 1 à 5 par gravité croissante (1 :mineure ou nulle, 2 tension, 3 crise, 4 urgence, 5 catastrophe/famine). L’ IPC définit l’état de famine dans une région donnée quand au moins 20% de la population en en IPC 5, 1 enfant sur 3 malnutri, 4/10000 enfants décédés Après le 7 octobre la production alimentaire a été réduite à cause des destructions de plus de la moitié des fermes, mais aussi tout ce qui concerne la distribution alimentaire, du fait de la destruction des boutiques et des centres commerciaux. Enfin la pénurie en fuel a limité les capacités des boulangeries à cuire le pain. Dès décembre 2023, trois institutions internationales ont conclu au risque de famine. Le Word food Program a établi qu’une famine a bien eu lieu dans Gaza Nord courant avril-mai 2024. En décembre 2023, le nombre d’habitant en situation de catastrophe alimentaires étaient évalués à 343000, augmentant à 677000 en mars 2024, avec une prédiction à 1107000 pour juin 2024. Il y a eu un assouplissement des restrictions alimentaires d’ Israël et finalement ce nombre a été évalué à 343000 en juin 2024. En juillet 2024, 34 palestiniens, majoritairement des enfants, avaient été recensés comme décédés de malnutrition. Si l’approvisionnement a été moins entravé entre avril et septembre 2024, depuis octobre les restrictions par Israël se sont aggravées et font pointer le risque d’un second cycle de famine réelle. Actuellement, on serait à environ 50 camions par jour pour l’ensemble de Gaza, pour 400-500[3] avant le 7 octobre. Ce 23 décembre, seulement 14 camions ont été autorisés à passer. A suivre avec le cessez-le-feu …. Depuis fin février 2025, en plus des déplacements forcés, c’est « Assoiffer – Affamer – Tuer » [1] Devereux, S. (2024) Was There a Famine in Gaza in 2024?, IDS Working Paper 613 [2] Institute for middle East Understanding, 2014 [3] https://www.middleeastmonitor.com/20241213-the-plan-is-just-to-kill-personal-testimonies-of-israels-genocide-in-gaza/
Apparemment, les aides humanitaires passent ; à la télé on voit des ambulances, des médecins… De quoi tu te plains
Nous démarrons 2025. Regardons le bilan 2024, Avec le regard que nous portons à Gaza depuis la France, loin du théâtre de guerre, que pouvons-nous dresser comme bilan depuis le 7 octobre 2023 jusque décembre 2024, en termes de victimes palestiniennes civiles, que ce soit en termes de mort, de blessés physiquement ou psychiquement, de malades, de disparus, tant pour les enfants que pour les adultes ? Nous ferons le bilan au fur et à mesure 12/2024 06/2025 12/205 Décès+ Taux de mortalité >45000 Blessés >105000 Disparus >11000 Déplacés 1,9 million Attaques impactantees sur hôpitaux 589 Personnel de santé tués 1800 Personnels de santé détenus 435 Attaques destructrices sur ambulances 584 Journalistes tués 193 Habitations détruites 70%



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