Medjor

Il parait que le cerveau réagit lors d’une grande violence. Tant celui du témoin que celui de la victime. Il paraît que c’est un mécanisme d’autodéfense à court terme, mais qu’il dérègle profondément l’être humain. Que le traumatisme dégrade la qualité relationnelle des victimes, qu’il émerge 20-30 -40 quarante plus tard… avec d’autres dégâts. Est-ce que cela concerne les deux millions de Palestiniens de Gaza ? Qu’est ce qui est préconisé pour soigner et pour éviter ce type de conséquences ?

Oui c’est sûr qu’à une grande violence psychique, le cerveau réagit et tout le corps avec ! On parle de trouble du stress (sous-entendu stress de nature psychique) post-traumatique (sous-entendu le traumatisme psychique).

 

Comment s’est développé la connaissance sur ce sujet?

Plusieurs grands conflits ont permis de mieux le décrire et le comprendre, que ce soit lors de la première guerre mondiale, la seconde guerre mondiale, la Shoah, la guerre du Viêt-Nam, la guerre du Golfe etc… en décrivant d’abord les formes les plus sévères et les plus chroniques[1]. C’est après la guerre du Vietnam qu’il a été plus précisément défini [2] et reconnu, en particulier par la communauté médicale psychiatrique américaine (American Psychiatric Association) , lors de l’édition DSM3 en 1980 (Diagnostic and Statistical manual of Mental disorders).

 

Quelles sont les autre sources de stress psychique intense ?

D’autres stress qu’une guerre peuvent être à l’origine d’un stress psychique intense, comme une catastrophe naturelle ou un viol. Il peut s’agir de la victime d’une agression mais aussi un témoin, ou même l’acteur lui-même (typiquement le soldat qui commet une violence mortelle au cours d’un combat). Il s’agit de troubles psychiatriques à type de souffrance morale avec des complications dites physiques, et souvent l’expression de l’angoisse générée, qui altèrent nettement la vie personnelle, sociale et professionnelle.

La première blessure, elle vient du fait de revivre l’événement traumatisant (flash-backs, cauchemars) avec tout le cortège de symptômes d’angoisse et d’effroi que cela peut générer à nouveau (avec donc une réalité corporelle, dite somatique, que sont par exemple les sueurs, palpitation, maux de tête, difficultés respiratoires etc…).

 

Quels sont les mécanismes de « sauvegarde » ?

Par ailleurs, il peut y avoir ce qu’on appelle une amnésie dissociative, c’est à dire que la victime a complètement effacé de sa mémoire certains pans entiers de l’événement traumatique, et çà c’est une sorte de mécanisme d’autodéfense, qu’on range dans la catégorie des symptômes d’évitement. Il y a aussi des comportements dits d’évitement pour éviter de penser à l’événement traumatisant ou de s’exposer à une situation ou environnement qui seraient de nature à faire penser à l’événement traumatique.

Sur le long terme, cela peut induire de la dépression, des difficultés de concentration, des difficultés dans le vécu des émotions (sentiment de déconnexion des autres, d’insensibilité) et cela comporte bien évidemment des risques de problèmes relationnel avec son entourage personnel ou professionnel et de difficultés sociales.

 

Ce syndrome a plutôt d’abord été décrit chez les soldats pour plusieurs raisons : pragmatiques, les armées avaient besoin de faire le tri entre un soldat apte à poursuivre le combat de celui qui devait être évacué, et puis aussi pour différencier celui qui simulait – pour éviter de combattre et mourir – de celui qui ne simulait pas et présentait de réels symptômes d’ordre psychiatrique.

Cela fait longtemps qu’il a été observé une assez grande variabilité interpersonnelle, c’est à dire que pour un même type d’événement traumatisant, une personne va développer des troubles du stress post-traumatique et une autre non. Ont été décrits plus récemment des dispositions d’ordre génétiques en particulier sur des gènes codant pour des neuromédiateurs (par exemple le gène transporteur de la sérotonine, celui codant pour le récepteur dopaminergique de type 2 ou encore sur la modulation noradrénergique le polymorphisme du gène GABRA2[3]).

On peut comprendre aussi que les stress tels les attentats sont variables dans leur nature, leur intensité et leur répétitivité : par exemple le stress d’un attentat comme on les a connus à Paris il y a 10 ans, ne sont pas de même nature qu’une exposition à une guerre de tranchée pendant plusieurs années comme durant la première guerre mondiale.

Ce qui s’est passé depuis octobre 2023 à Gaza a concerné une population qui était déjà dans des conditions de stress psychiques depuis des décennies.

 

Quels sont les cofacteurs possibles ?

Certains auteurs se sont penchés également sur les hypothèses dites somatiques et pas seulement sur les facteurs psychiques des « syndromes de guerre », et ont identifiés plusieurs cofacteurs possibles[4] :

1/ Infectieuses (leishmanioses, fièvre Q, Brucellose, infections mycoplasme…)

2/ Réponse immunitaire anormale (réactivité Th1/Th2, réactivité cytokines, …)

3/ Vaccinations (généraux, ou contre agent biologiques de guerre)

4/ Effets secondaires de la prophylaxie contre le paludisme

5/ Anomalies neurologiques (par perturbation de la barrière hématoencéphalique, par neurotoxicité directe)

6/ Exposition à des agents toxiques (insecticides et pesticides, fumées, huiles en combustion, peintures toxiques, armes biologiques…)

7 /Facteurs environnementaux et de conditions de vie (humidité, froid, conditions sanitaires …).

Quelle seraient les particularités de cette guerre à Gaza qui pourraient expliquer certains symptômes?

Dans quelle mesure et dans quels délais seront nous en mesure de l’identifier, l’expliquer voire trouver des solutions thérapeutiques les plus appropriées ?

Pour ce qui est de la partie thérapeutique, tout comme pour la traumatologie et la « chirurgie de l’avant », il y a le concept que pour les traumatisés psychiques de guerre, plus précoce était la prise en charge et le tri (quels sont ceux qu’il faut évacuer à l’arrière) meilleure était le pronostic ?

Il y a deux grandes catégories de traitement, la psychothérapie et les traitements médicamenteux (comme certains antidépresseurs inhibiteurs de la recapture de la sérotonine, ou des bétabloquant utilisés contre le trac comme le propranolol…)

 

C’est évident que tout ce qui est entourage participe évidemment à aider à la reconstruction. On ne peut pas appliquer des solutions qu’on a dégagées pour notre population française après les attentats à une population palestinienne, car la culture est différente, les moyens sociaux sont différents, la relation patient soignant est différente.

 

Ce que l’on sait c’est que la parole, la pratique du sport de la musique sont bien sûr bénéfique. C’est difficile à dire, mais une fois le temps de la guerre fini, la reconstruction matérielle d’une maison, d’un champ à cultiver seront des atouts pour éviter de sortir de rester enfermé dans les troubles du stress post traumatique

[1] La prise en charge des troubles psychiques de guerre, perspective historique au sein de la société médico-psychologique. G.Thomas et al, 2022 Annales médico-psychologiques

[2] Au-delà du diagnostic de troubles du stress post traumatique : reconnaître l’expérience de guerre du militaire français. S. Roupnel, 2023, Anthropologica

[3] L’état de stress post traumatique comme conséquence de l’interaction entre une susceptibilité génétique individuelle, un évènementtraumatogène et un contexte social. Y. Auxemery, 2012 (L’encéphale),

[4] Somatic hypothesis of war syndroms Soetekouw et al. 2000, European journal of clinical investigation.

LE CONTENU DU LIVRE

L’ouvrage comporte 290 pages avec 110 illustrations en couleur (cartes, courbes, photos).

    

Au début du livre je présente 27 affirmations courantes que je traite à la fin, exemples ci-dessus. Cela permet à chacun de vérifier sa grille de lecture.

Dans la première partie sur quatre, je fais des révélations personnelles et je livre des témoignages d’acteurs directement concernés. Les témoignages de la Diaspora Palestinienne sont présentés à la fin du livre.

Appuyé sur 180 références historiques, sociologiques, économiques, scientifiques, je procède à un diagnostic pour,

  • Décoder le mécanisme millénaire du rejet.

  • Faire l’inventaire des atouts, des ressources et des leviers disponibles.

  • Présenter une démarche de transformation opérationnelle éprouvée « out of the Box ».

LES DEUX PRÉFACIERS

Le 1er préfacier : Anwar Abu Eisheh est un Palestinien, Dr en Droit Civil. Il co rédige le Code Civil Palestinien. Ex-ministre de la Culture de l’Autorité Palestinienne, il initie en 2007 la campagne pour l’inscription réussie d’Hébron au patrimoine mondial de l’Unesco. Aujourd’hui, il anime l’Association d’échanges Culturels Hébron-France.

Le 2nd préfacier : Bernard Hacker, Lillois, est consultant international en dynamique des changements. Son grand-père, juif Roumain s’était réfugié en France en 1914 fuyant les pogroms soviétiques. Trahi par un collègue médecin, il se retrouve dans le convoi #63 pour être gazé à Auschwitz.

LA DISPONIBILITE DU LIVRE

La livraison se fait en moins de trois jours pour une commande passée directement chez le diffuseur : cliquer ici

Pour ceux qui préfèrent leurs canaux habituels, ce livre-outil est disponible chez votre libraire via le diffuseur susmentionnée et sur vos plateformes habituelles (Amazon, Cultura, Decitre, Fnac, Fnac.be, etc.)

Pour les Parisiens et les franciliens, le livre est disponible en rayon à l’Institut du Monde Arabe.

 

QUELLE SUITE AU LIVRE ?

Dans une perspective opérationnelle, suite à l’impression du livre, j’ai publié dix-neuf chroniques sur ce blog, voir en annexe ci-dessous.

Elles contiennent des révélations par les historiens israéliens de la nouvelle génération, des initiatives et des outils complémentaires à ceux du livre. C’est une invitation à se rendre utile en échangeant et en ajustant les approches.

Pour consulter et commenter les chroniques, cliquer ici 

Merci

AP Boulad, auteur du susdit livre-outil

ANNEXE

La liste ci-dessous va de la plus récente à la pplus ancienne.

  1. Gaza, Demande d’arrêt du jumelage Antibes – Eilat

  2. Gaza, La feuille de route pour Isaac Herzog Président d’Israël

  3. Gaza, Eradication des enfants

  4. Gaza, Des questions non posées

  5. Gaza, Déficience constitutive en Israël

  6. Gaza, Le culte de l’impasse du sionisme

  7. Gaza, Le sionisme dans la spirale de l’échec

  8. Gaza, Sionisme – La fascination du pire

  9. Gaza, Le bruit d’une porte … Puis rien.

  10. Gaza, Le port provisoire humanitaire américain, chewing-gum ou Coca Cola ?

  11. Gaza, France … écoute les sept colères de ta jeunesse !

  12. Gaza, Lettre ouverte à Yves Thréard – Le Figaro

  13. Gaza, France … Lève-toi et marche !

  14. Gaza, Quel type de bande a créé la bande de Gaza ?

  15. Gaza, Lettre ouverte au Président de la République – Emmanuel Macron

  16. Gaza, D’un « lieu sans porte », l’ultime libération de Walid Daqqa

  17. Gaza, Les briques fatales du sionisme – Déconstruire pour un nouvel horizon

  18. Gaza, Le choix – Lettre ouverte à Ofer Bronchtein conseiller auprès du Pdt Macron

  19. Gaza, 1956 le constat du général Moshe Dayan

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