Bon, il y a plein de destruction à Gaza, mais à part des immeubles et des baraquements, il n’y avait pas grand-chose d’autres. Et, quand même Israël est l’armée la plus morale du monde. Ils préviennent avant de bombarder et ne touchent pas au Patrimoine.

Loin de là, l’armée israélienne a montré une attention toute destructrice vis-à-vis du Patrimoine plurimillénaire. Fadel El Otol est un archéologue responsable dans le programme INTIQAL (programme de préservation du patrimoine archéologique) de la restauration et de l’entretien des sites archéologiques. Il dirige une équipe de cinquante et un archéologues (6 à Gaza Nord, et 45 dans le sud). Les subventions internationales leur permettent de recevoir des salaires malgré les destructions actuelles, humaines et structures). Et pour cause, il s’agit du patrimoine universel notamment les vestiges romains, les églises et les mosquées. Les lieux de prière anciens et récents ont totalement ou partiellement détruits. Les vestiges romains faisaient déjà l’objet de fouilles et restauration. Par suite du passage des tracteurs monstres, les D9-Catrepillar, leur défonce des cimetières et autres travaux de terrassements, la tâche des archéologues est encore plus difficile. Fadel estime à plus de 16 millions de dollars, le budget nécessaire pour retrouver et restaurer un minimum de vestiges anciens. Un colloque tenu en septembre 2024, rappelle ci-dessous l’historique et l’impact des destructions par l’armée israélienne du Patrimoine à Gaza. « Conçue comme un passage vers l’Égypte il y a 3 000 ans avant J.-C., Gaza est souvent considérée comme un carrefour des civilisations. Cette bande de terre longue de 40 km possède en effet un héritage archéologique et historique unique : Gaza abrite les vestiges de l’une des plus anciennes villes du Proche-Orient, une capitale cananéenne de l’époque hyksos (vers 1 600 av. J.-C.), un centre de la pentapole philistine, une garnison égyptienne ramesside avec son cimetière de mercenaires (1 200 av. J.-C.), un port phénicien, l’un des plus grands monastères byzantins de la région Umm el-‘Amr-Nuseirat (monastère d’Hilarion), ainsi qu’une vieille ville mamelouke et ottomane (XIIIe-XIXe siècles). Si plusieurs facteurs, notamment liés aux turpitudes de la politique palestinienne, ont pu peser sur la préservation de ce patrimoine extraordinaire, les agressions militaires israéliennes répétées contre Gaza depuis 2008-2009 ont causé des dommages parfois irréversibles. Après le 7 octobre, les bombardements délibérés contre le patrimoine ont de nouveau posé avec acuité la question du génocide culturel, que l’Afrique du Sud a inclus dans son dossier auprès de la Cour internationale de Justice. À partir d’images satellitaires, l’UNESCO a recensé des destructions sur une centaine de sites, dont le palais al-Bacha, le musée sur l’ancienne cité grecque d’Anthedon, la mosquée al-Omari et l’église de Jabaliya el-Mukheitim, qui, avec le monastère de Saint Hilarion, représentent les principaux vestiges de la bande de Gaza datant de l’époque byzantine. Des vidéos montrant des soldats dans l’entrepôt de l’École biblique et archéologique française (Ebaf) ont également confirmé des pratiques de pillage en cours depuis des décennies, nombre d’objets venus des Territoires Palestiniens Occupés ayant depuis longtemps été localisés dans plusieurs musées en Israël. À l’instar des hôpitaux et des écoles, Israël mobilise l’argument de terrorisme pour justifier ses attaques contre ces sites, présentés comme des caches d’armes du Hamas. Ces destructions et pillages s’inscrivent pourtant bien dans des pratiques d’effacement des Palestiniens et de leur histoire, en cours depuis 1948. On sait en effet à quel point l’élimination physique des Palestiniens s’est accompagnée d’une dépossession matérielle et d’un remodelage du paysage afin d’éliminer tout ce qui, dans l’espace, exprimait la relation palestinienne à la terre. Le patrimoine et la culture sont donc loin d’être déconnectés de la vie sociale du groupe ; ils sont, pour reprendre les mots de René Elter, « des éléments forts de la structuration des individus et de leur épanouissement ; des lieux d’appropriation, d’histoire, de culture, de tolérance et de transmission ». Ces tables rondes se proposent donc, grâce aux travaux et témoignages des plus éminents chercheurs et spécialistes du patrimoine de Gaza, de rappeler la richesse et la diversité de cet héritage culturel, en soulignant l’importance de préserver 5 000 ans d’histoire et de mémoire. » Le site « Gaza, inventaire d’un patrimoine bombardé » maintient à jour : Une liste en cours des sites partiellement ou totalement détruits (à partir de plusieurs sources, notamment les listes fournies par l’UNESCO). Des fiches relatives à chaque site touché (description, histoire, état actuel du site, références tirées de la bibliographie scientifique, sources iconographiques. Une carte réalisée au sein du laboratoire géographie-cités localisant avec une grande précision les sites répertoriés.   Pour consulter l’état des lieux, faire part de vos demandes voire vos aides voir directement sur https://gazahistoire.hypotheses.org/